Bonjour Adeline, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Adeline Cointe, dirigeante de Haut comme 3 comm, l’agence qui vous fait croquer dans la comm. Je suis attachée de presse depuis 10 ans et à mon compte depuis tout début 2021.
Je suis tombée dans le chaudron de la communication et des relations presse notamment, par le hasard de la vie lors de mon premier poste salariée. Je suis arrivée en pleine préparation de l’Assemblée générale de la structure et pour en parler aux media on m’a donné un listing … comment dire … désuet au possible car j’ai eu près de 80 % de retours de non-distribution de mails je pense. J’ai alors pendant 2 jours appelé les rédactions des media visés pour me présenter et savoir qui contacter.
C’est comme ça que j’ai commencé à me faire connaître et à comprendre les fins rouages passionnants des relations presse. Ce travail de longue haleine pour reconstruire un fichier à jour m’a permis d’obtenir de très bons résultats. Dans mon deuxième poste salariée j’avais par exemple augmenté de 158 % le nombre de parutions médiatiques. Bref construire des relations, convaincre de faire paraître l’article, trouver un angle pertinent, faire de la veille et être aussi heureuse que mes clients quand je leur obtiens des parutions c’est vraiment ce qui fait à mes yeux la magie des relations presse que j’aime tant.
Adeline, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le rôle des relations presse particulièrement pour une société à mission ?
Les relations presse sont l’art et la manière de tisser un lien solide et durable avec les media. J’aurais pu dire avec les journalistes mais vu qu’aujourd’hui nous sommes plus, sur des relations médiatiques que presse pure, un podcasteur n’est pas nécessairement un journaliste par exemple.
Et ce relationnel permet de bien les connaître, de connaître les sujets qui vont sortir prochainement, de bien appréhender la ligne éditoriale et la façon de travailler de chacun car certains préfèrent le téléphone et d’autres les mails par exemple. Ce relationnel permet une confiance mutuelle. Les journalistes (pour simplifier - mais vous avez bien compris chers responsables communication qui nous lisez que ça peut être aussi les podcasteurs, blogueurs, …), savent aussi que quand on leur envoie des sujets c’est sans doute parce qu’ils sont pertinents pour eux vu qu’on les connaît-bien.
Les relations presse permettent donc sur le long terme d’obtenir des parutions médiatiques.
Les sociétés à mission doivent faire attention au greenwashing mais ont en même temps toute leur place dans l’écosystème médiatique de plus en plus friand de découvrir les solutions du monde de demain.
Pourquoi est-il crucial pour une société à mission ou à impact d’avoir une stratégie de relations presse solide ?
Comme j’ai commencé de l’amorcer à la question précédente, à la fois la place est à prendre dans un monde médiatique en quête d’informations positives et qui façonnent le monde de demain, mais en plus de cela il y a un enjeu de sensibilisation des publics que ces entreprises à mission / impact doivent endosser. Cela passe notamment par le fait de toucher un public large ; ce qui est permis aussi avec les media qui ont déjà chacun leur propre audience.
Et dans « stratégie de relations presse solide », je pense qu’on peut aussi dire solide dans le sens bien préparée, histoire d’être prêt si une info contradictoire sort par exemple. Et une entreprise à mission / impact ne peut jamais être irréprochable mais il faut qu’elle puisse expliquer ses choix et en se sens être prête aussi à se justifier et à s’améliorer toujours. C’est le cas en étant visible dans les media et donc aussi plus exposé.
Aujourd’hui les réseaux sociaux sont parfois saturés mais je trouve qu’il y a encore une vraie place à prendre dans les media pour augmenter la valeur perçue d’une entreprise, l’expertise du dirigeant, la prise de position ferme sur un sujet et donc véhiculer ses valeurs.
Et un point extrêmement important à mes yeux (!) : il n’y a pas que les sociétés à mission qui sont concernées par les relations presse. Je travaille avec différents domaines tous aussi passionnants les uns que les autres mais certains clients ne sont pas des entreprises à impact et ont leurs retombées médiatiques !
Comment travaillez-vous avec les journalistes pour assurer une couverture médiatique qui reflète fidèlement la mission et les valeurs de l'entreprise ?
Le côté relationnel joue beaucoup pour que la couverture soit fidèle. Toutefois il ne faut pas oublier une chose CAPITALE : la liberté de la presse. C’est l’une des bases du jeu des relations médiatiques. Le journaliste est garant de ce qu’il écrit, et de transmettre l’info’ juste. Il n’est donc pas possible d’être assuré à 100 % de ce qui va sortir. C’est pour moi extrêmement important de la respecter cette liberté de la presse. Nous avons la chance d’en avoir une. Rappelons-nous que certains pays ne l’ont pas. Et surtout ce respect que j’ai pour les journalistes et leur liberté de s’approprier un sujet participe aussi je pense aux relations de confiance que je tisse avec eux.
C’est aussi ce que j’aime ce côté adrénaline de la lecture d’un article sur un client par exemple.
Il est important à chaque parution médiatique si une petite virgule ne plaît parfois pas au client de se rappeler que le journaliste n’est pas expert dans le domaine du client et son lecteur final non plus et que parfois ce qui compte est que les audiences visées par le client aient vu passer le message plusieurs fois sur plusieurs supports.
Y a-t-il des outils ou des techniques spécifiques que vous recommanderiez aux sociétés à mission pour optimiser leurs relations presse ?
Dans le mot relation tout est dit je crois. Et il ne faut pas oublier que les relations presse se font sur le long terme et qu’une entreprise qui tente par elle-même de communiquer dans la presse pour la première fois peut avoir peu (voire pas) de retombées mais la résilience paie. Et c’est comme tout dans l’entrepreneuriat, il faut aussi parfois des bonnes rencontres au bon moment même si ça on le maîtrise moins.
L’authenticité, la personnalisation et la connaissance de la ligne éditoriale du media et du journaliste font partie des essentiels aussi.
Comment les entreprises à mission peuvent-elles mesurer l'efficacité de leurs efforts en matière de relations presse ?
Entreprise à mission ou autre entreprise, il est difficile de mesurer les indicateurs presse. Le nombre de parutions peut en être un, les audiences un autre. Mais il ne faut pas oublier non plus que contrairement à la pub’ les relations médiatiques n’apportent pas toujours des retombées immédiates mais parfois plus sur le long terme.
Une façon de mesurer peut aussi être de voir le nombre de retombées augmenter campagne après campagne.
En regardant vers l'avenir, comment voyez-vous l'évolution des relations presse pour les sociétés à mission dans les prochaines années ?
Les relations presse pour n’importe quelle entreprise et pas que entreprise à mission vont sans doute comme nous tous continuer à se moderniser peut-être en passant par l’intelligence artificielle mais le côté relationnel restera toujours la clef de voûte essentielle dans ce domaine.
Un dernier mots pour nos chers lecteurs ?
Les relations presse dans les services communication sont souvent données dans le package d’un salarié qui gère aussi d’autres compétences comm’ et qui ne connaît pas nécessairement tous les rouages des relations médiatiques. Alors certes il peut y avoir une montée en compétences pour le salarié concerné mais il faut qu’elle soit accompagnée et que la personne ait une personne dont c’est le métier pour progresser à ses côtés.
Les relations médiatiques sont encore trop peu proposées dans les stratégies et ne sont pas mortes alors j’espère que les quelques lignes que vous aurez lues de mon interview vous permettront d’y penser pour vos recommandations.
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